Fleurs séchées
Il me vient d’autrefois des souvenirs fanés,
Les bruits et les odeurs de nos anciens étés,
Leur charme désuet et leur jeune soleil
Qui venait en dansant dans ma chambre, au réveil.
Se mirer, malicieux, dans l’ovale miroir
Qu’au matin lui tendait la vénérable armoire.
Sur ses pas résonnaient les trompettes des coqs,
Jetant de tous côtés de rauques entrechocs.
Dans ses brillants cheveux, le vent jouait, joyeux,
Paissant le blanc troupeau des nuées au pré bleu
Qu’au travers des rideaux me découvraient les cieux.
Je me souviens de toutes les roses
De ce jardin où j’ai grandi,
Où mon âme encore se repose
Avant de s’en aller d’ici.
La vie, c’était bien autre chose
Que ce qui finit aujourd’hui.
Les pâquerettes, les primevères,
Les bleus iris et les soucis,
Les robes sur l’herbe épanouies
Des sœurs si gaies et si jolies.
Je me souviens du cimetière
Où penchée sur son tombeau gris
Je venais visiter mon père
Priant que ni maman chérie,
Ni moi n’allions jamais sous terre.