Farniente
Cueillir à la sauvette ces tout petits bonheurs
A l’ombre menaçante des possibles malheurs,
Dans les murs de l’ennui creuser ces brèches d’or,
Qui s’ouvrent sur ailleurs et me sauvent encore.
Le vent me berce, le ciel m’éblouit
Je vois, j’entends, j’existe, je vis.
De doux petits nuages s’en vont au ciel glissant
Dans l’azur lisse et bleu laissant leurs langes blancs
La brise au loin les chasse comme de brèves pensées
Dans l’esprit d’un enfant qui rêve bouche bée,
Et s’abîment en cet instant,
Les heures, les jours, les mois, les ans.
En mon âge avancé il est temps de fleurir,
Me dit mon cœur lassé, l’espace d’un soupir,
Long comme un jour d’été, comme lui alangui
Enorme et nonchalant comme ce grand pays,
Où j’allais oublier le mien,
Sur les pas d’un autre destin.
Au seuil du tombeau, épanouir la corolle
Du solaire chrysanthème d’un automne héroïque
Et jeter à la mort toutes ces pensées folles
Poussées dans le terreau d’une enfance magique,
Puis m’en aller apaisée
Au soir de l’ultime journée.
Krasnoïé 2009